Voici le premier article du dossier Douleur et Cerveau du New York Times que j’ai choisi de traduire et d’étudier. Il porte sur l’aspect psychologique de la douleur et le rôle du système nerveux dans sa production. Juno DeMelo, une journaliste scientifique et écrivain, y enquête sur les théories du Dr John Sarno et en particulier sur ce que les scientifiques en pensent aujourd’hui.
L’article original s’intitule « Je dois croire que ce livre a guéri ma douleur » et a été publié le 9 Novembre 2021 dans le New York Times. Sa traduction intégrale se trouve à la fin de cet article.
Juno DeMelo raconte comment un des livres du Dr Sarno, sorti il y a 30 ans, a guéri une douleur littéralement dans ses fesses. C’est l’occasion pour elle de faire le point sur ce que l’on sait aujourd’hui du rôle du mental dans la douleur chronique. Finalement cet article offre un retour très intéressant et objectif sur les théories du Dr Sarno et le lien corps / esprit.
Des interviews de scientifiques et médecins
Le New York Times donne la parole à des chercheurs qui publient dans des journaux scientifiques reconnus. Parmi les scientifiques et médecins que Juno DeMelo a interrogé lors de son enquête, on retrouve notamment Tor Wager et Howard Schubiner. Ils sont tous les deux signataires d’articles qui ont validés des approches psychologiques de traitement de la douleur, contre les douleurs musculosquelettiques en 2016, la Fibromyalgie en 2017 et les maux de dos en 2021.
Cette dernière étude est celle qui a validé la Thérapie de Reconditionnement de la Douleur mise au point par Alan Gordon. Tor Wager et Howard Schubiner y ont tous les deux activement participé. Tor Wager en est même le signataire de fin, en tant que directeur du laboratoire principal de l’université de Boulder, Colorado, qui menait l’expérience à l’époque. C’est aussi lui qui a écrit la préface du livre The Way Out d’Alan Gordon et Alon Ziv.
Quant à Howard Schubiner, c’est le médecin qui a réalisé toute la partie de sélection des patients de cette étude. Il est très proche d’Alan Gordon, ils se sont souvent associés pour des conférences. Alan Gordon le prend très souvent comme référence pour tout ce qui touche au médical.
Pas d’évocation d’Alan Gordon et de son approche
On en reparlera dans le second article de ce dossier (sur les thérapies psychologiques de la douleur), il y a clairement pour moi dans l’idée du New York Times de parler de ces nouvelles approches prometteuses et maintenant reconnues par la science. Mais sans faire de publicité à Alan Gordon et sa thérapie de Reconditionnement de la Douleur. A noter qu’Alan Gordon n’est ni chercheur ou médecin, et qu’il existe beaucoup d’autres thérapies proches de celle qu’il propose.
De plus à aucun moment il n’est fait mention de « douleur neuroplastique ». Ce concept n’est en effet repris dans aucun des articles du New York Times. Il me semble qu’il doit donc être pris avec beaucoup de précaution, il manque de consensus et de validation scientifique. Je vous invite à lire ce que j’avais écris à ce sujet dans l’article Nouvelles thérapies psychologiques de la douleur chronique.
Même Tor Wager dit clairement : « nous ne comprenons pas encore entièrement les mécanismes de tout cela ». Mais « nous savons que les facteurs de stress peuvent provoquer de l’inflammation dans la moelle épinière et le cerveau, et qu’elle est liée à des sensations plus fortes de douleur ».
Le modèle Bio-Psycho-Social
C’est clairement le modèle Bio-Psycho-Social de la douleur qui est ici mis en avant. C’est celui que je souhaite développer dans Couleurs Chroniques, en accord avec les définitions de la douleur de l’OMS.
« Peu de scientifiques diraient que la totalité ou même la plupart des douleurs chroniques sont purement psychologiques. Il y a aussi des raisons sociales et biologiques à la douleur. Chez la plupart des gens, il s’agit de la combinaison des trois ».
De plus le consensus va aujourd’hui vers une origine de la douleur chronique dans le système nerveux, avec « des circuits cérébraux qui fonctionnent mal, prolongeant, amplifiant et peut-être même créant la douleur. »
Une critique sans complaisance du Dr Sarno
Bien que le livre du Dr Sarno l’ait réellement aidée -même guérie là où la médecine conventionnelle avait échoué-, Juno DeMelo est sans complaisance à son égard : « une sorte d’évangéliste » qui « vantait une approche qui ne s’appuyait que sur des anecdotes de son expérience de médecin et des témoignages passionnés de patients », avec « aucune étude pour valider son approche. »
« Les théories du Dr Sarno ne sont pas soutenues par la science. » Et même « il y a un tas de gens pour qui la méthode de Sarno ne fonctionnera pas. » « Il a trop simplifié et trop insisté sur les origines psychologiques de la douleur. »
Le jugement est sans appel : Non, toutes les douleurs chroniques ne sont PAS causées par des émotions refoulées dont notre cerveau essaieraient de nous distraire, et certainement pas en coupant le flux sanguin vers les muscles, comme le disait le Dr Sarno.
Un précurseur reconnu de l’approche corps / esprit
Mais le Dr Sarno avait raison sur de nombreux points, comme le fait que l’exercice n’entravait pas mais aidait à guérir. Et surtout sur l’existence d’un lien entre douleur émotionnelle et physique, que l’esprit ET le corps sont responsables de notre souffrance physique. Ce qu’on peut retenir, c’est qu’il a su ouvrir le débat qu’il fallait tenir compte des facteurs psychologiques dans la douleur chronique.
Une vraie reconnaissance des facteurs psychologiques
C’est le point le plus important de cet article selon moi. Je retiendrai que le Dr Sarno a été le précurseur d’une approche de traitements psychologiques de la douleur bien plus sérieux et reconnus aujourd’hui. Elle implique que le corps et l’esprit sont liés, et qu’il y a des facteurs psychologiques dans le ressenti de la douleur (mais pas que !). J’aimerais faire ressortir quatre points de cet article :
Le Besoin de Reconnaissance de nos douleurs
J’en parlais dans l’article Réflexions autour du Podcast Emotions sur les « Douleurs Invisibles », il est extrêmement important que nos douleurs soient reconnues, qu’elles sont réelles quelles que soient leurs causes. C’est un besoin essentiel auquel le Dr Sarno répondait justement.
Juno DeMelo le dit très bien : « J’appréciais la logique ordonnée de la théorie du Dr Sarno : la douleur émotionnelle cause la douleur physique. Et j’aimais la reconnaissance que cela me donnait, que même si ma douleur ne provenait pas d’une démarche bancale ou de ma position dans mon sommeil, elle était réelle. «
Je retiens les phrases du Dr Schubiner, qui font beaucoup de bien à mon besoin de reconnaissance:
« Toute douleur est réelle et toute douleur est générée par le cerveau »
« Que la douleur soit déclenchée par le stress ou une blessure physique, c’est le cerveau qui génère les sensations ressenties. Et il ne s’agit pas juste de refléter des signaux en provenance du corps, mais de décider d’activer ou de désactiver la douleur. »
L’impact de nos croyances
Nos croyances ont un impact sur notre ressenti, elle peuvent même nous aider à guérir – ou aggraver notre douleur. Je vous invite à réfléchir à l’extraordinaire efficacité de l’effet Placebo, dont il est question dans l’introduction du dossier du New York Times.
Nos croyances peuvent soit rassurer, soit inquiéter notre système nerveux. C’est particulièrement important pour la manière dont on perçoit la douleur et ses causes. La théorie du Dr Sarno s’est avérée fausse scientifiquement. Mais l’effet de la reconnaissance de toutes les douleurs et d’Empowerment qu’il offre est réel : ces croyances apaisent, rassurent et nous redonnent le contrôle. Et ça fait du bien! De même mettre l’étiquette « neuroplastique » sur mes propres douleurs m’a aidée à mieux vivre avec… Et vous, quelles croyances peuvent vous aider ?
Tor Wager le dit :
« L’idée est désormais couramment acceptée qu’une proportion substantielle de personnes peut être aidée par le fait de penser d’une autre manière aux causes de leurs douleurs ».
Comprendre ses émotions
Nos émotions ont aussi un impact sur notre douleur, l’article le met clairement en avant. Les thérapies qui permettent aux patients d’identifier et d’exprimer les émotions qu’ils fuyaient jusqu’alors peuvent réellement être utiles pour réduire la douleur.
L’article insiste aussi sur le danger de la peur qui peut amplifier la douleur dans un cycle peur / douleur. Des thérapies peuvent aident à surmonter progressivement ces peurs (catastrophisation, kinésiophobie), par petits pas.
Empowerment
Enfin comme le dit June DeMelo, « nous ne sommes pas impuissants à changer cela. » Avec l’aide d’un thérapeute, on peut agir sur les facteurs psychologiques de la douleur, en particulier comment on la perçoit, nos croyances, la peur qu’elle pourrait induire, ainsi que les émotions qui provoquent trop de tensions en nous. Ce sera le sujet du second article issu de ce dossier du New York Times.
Traduction de l'article
Guérir grâce à un livre sur l’aspect psychologique de la douleur
« Une écrivain scientifique enquête sur les allégations d’il y a 30 ans d’un médecin iconoclaste qui a déclaré que la douleur chronique était principalement mentale. »
(Traduction intégrale du texte de Juno DeMelo paru le 9 Novembre 2021 dans le New York Times)
« Je dois croire que ce livre a guéri ma douleur
A chaque fois que quelqu’un me dit que son dos lui cause des soucis, je baisse la voix avant de me lancer dans mon baratin : « Je t’assure que je ne suis pas « woo-woo », mais… ».
(woo-woo, c’est un adjectif américain familier pour parler d’avoir des croyances non conventionnelles sans base scientifique, notamment dans les domaines de la spiritualité, du mysticisme / paranormal et des médecines alternatives. Ce n’est pas très valorisant. Je ne trouve pas le terme en français).
Permettez-moi de faire un petit retour en arrière. Pendant plus d’une décennie, j’ai eu des élancements presque constants dans mon piriforme gauche, un petit muscle profond au niveau des fesses. J’ai essayé de les soigner avec de la kinésithérapie, des ultrasons et des injections de Botox. À un moment donné, j’ai même envisagé une intervention chirurgicale pour couper le muscle en deux afin de décompresser le nerf sciatique qui passe en dessous.
La connexion corps-esprit selon le Dr Sarno
Puis, en 2011, j’ai pris à la bibliothèque un exemplaire du best-seller de 1991″Healing Back Pain: The Mind-Body Connection” = «Guérir les maux de dos : la connexion corps-esprit». Il affirmait que, afin de distraire une personne souffrant d’anxiété, de colère ou de sentiments d’infériorité qu’elle refoulerait, le cerveau crée des douleurs dans le cou, les épaules, le dos et les fesses en diminuant le flux sanguin vers les muscles et les nerfs.
L’auteur du livre, le Dr John Sarno, était un médecin de réadaptation à l’Université de New York et une sorte d’évangéliste (voir l’article que le New York Times avait écrit sur lui à sa mort en 2017).
Il vantait une approche qui ne s’appuyait que sur des anecdotes de son expérience de médecin et des témoignages passionnés de patients comme Howard Stern ou Larry David. Dans cette vidéo, ce dernier décrit sa guérison d’une lombalgie comme « la chose la plus proche d’une expérience religieuse que j’aie jamais eue dans ma vie ».
Selon le Dr Sarno, presque toutes les douleurs chroniques seraient causées par des émotions refoulées.
En suivant une psychothérapie ou en tenant un journal sur vos émotions, disait-il, vous pourriez les faire sortir /chasser de votre inconscient – et vous guérir sans médicaments, chirurgie ou exercices physiques spéciaux. J’ai choisi de tenir un journal et j’ai commencé à écrire des listes de plusieurs pages sur tout ce qui provoquait de la colère, de l’inquiétude ou de l’insécurité en moi.
J’appréciais la logique ordonnée de la théorie du Dr Sarno :
« la douleur émotionnelle cause la douleur physique. »
Et j’aimais la reconnaissance que cela me donnait, que même si ma douleur ne provenait pas d’une démarche bancale ou de ma position dans mon sommeil, elle était réelle. Je n’aimais pas -à l’époque- que personne dans la communauté médicale ne semble se ranger du côté du Dr Sarno, ou qu’il n’ait eu aucune étude pour valider son approche.
Mais je ne pouvais pas nier que cela avait fonctionné pour moi. Après avoir exorcisé mes émotions négatives dans un journal pendant quatre mois, j’ai été – malgré mon incrédulité – guérie.
Que penser de ce livre 30 ans après ?
Je n’ai pas beaucoup pensé au Dr Sarno après cela, jusqu’en mai 2021 quand je me suis retrouvée de nouveau en kinésithérapie, pour une douleur à l’intérieur de la cuisse. Mon physiothérapeute / kinésithérapeute m’a donné quelques exercices et je les ai faits tous les jours.
Tout le temps, je me suis inquiétée : si la thérapie physique échoue à nouveau, devrais-je recommencer à cataloguer de manière exhaustive mes malheurs ? Les affirmations du Dr Sarno ont-elles même tenu le coup ? Que pense t’on aujourd’hui de son approche ?
La douleur commence souvent dans le cerveau
« L’idée est désormais couramment acceptée qu’une proportion substantielle de personnes peut être aidée par le fait de penser d’une autre manière aux causes de leurs douleurs », a déclaré Tor Wager, professeur de neurosciences au Dartmouth College (New Hampshire, Nord-Est des USA) et directeur de son Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Affectives. » Mais c’est différent de l’idée que des problèmes non résolus dans la relation à votre mère se manifesteraient par de la douleur. »
Le Dr Wager dit que la plupart des scientifiques pensent maintenant que la douleur n’est pas toujours quelque chose qui commence dans le corps et est ressentie par le cerveau. La douleur peut être une maladie en soi.
Le modèle Bio-Psycho-Social
Environ 85 % des maux de dos et 78 % des maux de tête n’ont pas de déclencheur identifiable. Toutefois peu de scientifiques diraient que la totalité ou même la plupart des douleurs chroniques sont purement psychologiques.
« Il y a aussi des raisons sociales et biologiques à la douleur. Chez la plupart des gens, il s’agit de la combinaison des trois », explique Daniel Clauw, professeur d’anesthésiologie, de médecine et de psychiatrie à l’Université du Michigan et directeur de son Centre de Recherche sur la Douleur et la Fatigue Chroniques. « Je suis désolé, il y a un tas de gens pour qui la méthode de Sarno ne fonctionnera pas.«
Note : le modèle Bio-Psycho-Social de la douleur est ici clairement mis en avant ! C’est celui que je souhaite développer moi aussi dans Couleurs Chroniques, en accord avec les définitions de la douleur de l’OMS.
Thérapies actuelles s’approchant de celle du Dr Sarno
De nos jours, une méthode assez proche de celle du Dr Sarno est la théorie Emotional awareness and expression (conscience et expression des émotions). Elle propose aux patients d’identifier et d’exprimer les émotions qu’ils fuyaient jusqu’alors.
Il a non seulement été démontré qu’elle réduit considérablement la douleur chez les personnes atteintes de fibromyalgie et de douleurs musculosquelettiques chroniques, mais elle est également considérée comme une des meilleures pratiques pour traiter la douleur chronique (avec entre autres les massages et la Thérapie Comportementale et Cognitive) par le Ministère Américain de la Santé (Department of Health and Human Services).
Tous les articles cités en lien sont très intéressants avec notamment deux des études scientifiques qu’il me parait important de connaître car elles valident l’utilité des approches psychologiques dans le traitement de la douleur chronique – à suivre… dans le prochain article Douleur et Cerveau -2.
La douleur peut prendre vie par elle même - une maladie à part entière
Mais tout d’abord, comment le cerveau produit-il les douleurs chroniques ? Selon le Dr Wager, la théorie du Dr Sarno selon laquelle notre cerveau utiliserait la douleur pour nous distraire d’émotions négatives en réduisant le flux sanguin vers les muscles n’est pas étayée / soutenue par la science.
Des disfonctionnements dans le Système Nerveux
Au lieu du flux sanguin, les scientifiques se tournent maintenant vers le système nerveux pour comprendre les douleurs chroniques qui ne sont pas causées par des lésions des nerfs ou des tissus/organes. Fondamentalement, ce sont alors les circuits cérébraux qui fonctionnent mal, prolongeant, amplifiant et peut-être même créant la douleur.
Le Dr Wager explique que nous ne comprenons pas encore entièrement les mécanismes de tout cela. Mais « nous savons que les facteurs de stress peuvent provoquer de l’inflammation dans la moelle épinière et le cerveau, et qu’elle est liée à des sensations plus fortes de douleur ».
Des difficultés dans l’enfance, comme la maltraitance, les problèmes d’argent, la violence et la négligence/abandon, ont également été liés aux douleurs chroniques (lien vers un article payant résumant les résultats de nombreuses recherches depuis 20 ans).
Le cycle peur / douleur
Pour compliquer davantage les choses: la douleur elle même peut engendrer plus de douleur. Par exemple, une blessure peut augmenter le volume de l’intensité de votre douleur lors des blessures suivantes.
Le stress peut faire en sorte que la douleur persiste longtemps après la guérison d’une blessure. Et si vous ressentez des élancements / pincements dans votre dos et que vous commencez à imaginer toutes les façons dont cela pourrait s’aggraver, cette peur peut amplifier votre douleur. Cela peut alors vous amener à éviter l’activité physique, ce qui aggrave encore la douleur. Les experts appellent cela le cycle de la douleur.
Réduire le catastrophisme et surmonter ses peurs par petits pas
Ainsi l’idée du Dr Sarno selon laquelle le cerveau déclenche la douleur était en partie juste. Des recherches montrent que le catastrophisme peut transformer la douleur aiguë en douleur chronique et augmenter l’activité de zones dans le cerveau qui sont liées à l’anticipation et à l’attention à la douleur.
C’est l’une des raisons pour lesquelles les médecins commencent à traiter les problèmes de douleurs de la même manière que, par exemple, les troubles anxieux, en encourageant les patients à faire de l’exercice afin de surmonter leur peur du mouvement. Alors qu’un patient souffrant d’anxiété sociale ferait de petits pas en parlant avec des étrangers, par exemple, un patient souffrant de maux de dos pourrait commencer à faire du jogging ou du vélo.
(voir l’article Couleurs Chroniques Surmonter la Kinésiophobie sur le même sujet.)
On peut trouver le bouton OFF
L’essentiel, selon le Dr Howard Schubiner, (qui a travaillé avec le Dr Sarno puis a continué à faire progresser son approche) est que « toute douleur est réelle et toute douleur est générée par le cerveau ». Aujourd’hui, le Dr Schubiner est le directeur du programme de Médecine Mind Body à Southfield, Michigan, et professeur clinicien au Michigan State University College of Human Medicine.
« Que la douleur soit déclenchée par le stress ou une blessure physique, c’est le cerveau qui génère les sensations ressenties« , a-t-il déclaré. « Et – c’est un concept renversant – il ne s’agit pas juste de refléter des signaux en provenance du corps, mais de décider d’activer ou de désactiver la douleur.«
Donc, selon ce raisonnement, toute douleur est à la fois dans le corps et dans le cerveau.
C’est pourquoi, lorsque mon adducteur a cessé de me faire mal en juillet après huit semaines de kinésithérapie, je n’ai pas dépensé trop d’énergie mentale pour essayer de comprendre ce qui avait fonctionné : les exercices physiques eux-mêmes, ma kinésithérapeute me donnant le feu vert pour continuer à faire de l’exercice, la possibilité une fois par semaine de parler avec elle de mon récent déménagement et des autres facteurs de stress pouvant contribuer à ma douleur… ou (très probablement) tout ce qui précède.
En fin de compte, le Dr Sarno avait raison sur le fait que l’exercice n’entravait pas mais aidait à guérir, ainsi que sur l’existence d’un lien entre douleur émotionnelle et physique.
Mais toutes les douleurs chroniques ne sont pas psychologiques.
L’approche freudienne du traitement du Dr Sarno est loin d’être la seule qui fonctionne. Et peu de scientifiques diraient que notre cerveau utilise la douleur pour nous distraire des émotions négatives (et certainement pas en coupant le flux sanguin vers les muscles).
Je considère toujours le Dr Sarno comme un sauveur (dans le cas personnel de l’auteur) et je continue de recommander ses livres à mes amis et à ma famille ; certains les ont lus – avec du succès – tandis que d’autres ont poliment refusé.
Oui, le Dr Sarno a certainement trop simplifié et trop insisté sur les origines psychologiques de la douleur. Mais il m’a également aidé à voir que l’esprit ET le corps sont responsables de notre souffrance physique. Et que nous ne sommes pas impuissants à changer / agir sur cela.