Alan Gordon nous explique comment surmonter les menaces psychologiques et réduire notre stress. Il nous invite à aller à la rencontre de nos sensations physiques grâce au Somatic Tracking, et surtout à envoyer un message de sécurité à notre cerveau.
Le stress, c’est la réaction de notre corps à une menace psychologique perçue. Ces menaces sont de toutes sortes et varient selon les personnes, leur passé, leurs croyances et leur fonctionnements inconscients ancrés. Notre cerveau peut trouver menaçant certaines émotions, mais aussi la confrontation et les conflits, l’engagement et nous montrer vulnérables, le désordre, le retard, la culpabilité, l’ennui…
Tout cela peut activer les signaux de danger de notre cerveau, qui peut y répondre de plusieurs façons : la fuite, le stress, différents symptômes comme de la douleur, des vertiges, des insomnies, de la fatigue chronique, des ruminations, de l’anxiété généralisée…
Mon rapport au stress
Ah… Le stress… le nombre de fois que l’on m’a dit que mes céphalées de tension étaient dues au stress et que je devais me « faire soigner », sans plus de détail. Oh comme ça m’a énervée pendant longtemps ! C’était comme un écran de fumée ce mot « stress », ça ne m’aidait pas…
Comme si j’avais décidé consciemment de réagir au stress par des maux de tête, et qu’il suffise que je décide d’arrêter pour enlever mes symptômes… Si seulement j’avais accès facilement à ce bouton On/Off du Stress, bien sûr je l’aurais désactivé depuis très longtemps. Si une pilule avait fait ça pour de bon, anéantissant mes douleurs sur le long terme sans m’abrutir, je l’aurais prise et la prendrai toujours.
N’ayant rien trouvé de vraiment efficace, j’ai essayé de limiter le nombre de situations stressantes de ma vie. En me repliant sur moi même. Mais ça n’a pas marché. On ne peut pas éliminer le stress de sa vie. Surtout si on veut avoir une famille, des projets, garder un sens à sa vie…
Une nouvelle perspective sur le stress
Aujourd’hui je commence à voir le stress avec une nouvelle perspective, beaucoup plus douce et moins culpabilisante. Et surtout plus claire. Je ne peux pas nier qu’il y ait un lien entre mes céphalées et le stress.
Mais le stress n’est PAS la cause du problème. La cause, c’est mon système nerveux qui n’arrive plus à sortir d’un état d’hypervigilance. Il sur-réagit à tout ce qu’il perçoit comme menaçant, physiquement et psychologiquement.
Cette hypervigilance était pertinente il y a 10 ans, elle m’a permis de tenir bon dans une période difficile. Mais aujourd’hui elle est devenue inadaptée, obsolète et même nocive pour moi.
Réduire l’hypervigilance en se sentant plus en sécurité
Alors je cherche à progressivement réduire cette hypervigilance, et cette étape 17 fait partie des pistes que je suis pour cela… De plus, j’ai rassemblé toutes les informations que j’ai trouvées jusqu’à maintenant sur le stress dans ce dossier de Couleurs Chroniques consacré au stress.
Alan Gordon prend trois exemples de situations qui peuvent nous mettre en hypervigilance : les conflits, l’intimité, le désordre. Mais il y en a d’autres propres à chacun : le retard, l’impuissance, les informations quotidiennes sur toutes les catastrophes du monde, la pression d’un travail… Quelles sont celles qui chez vous, en ce moment, vous mettent le plus souvent en alerte ?
Vous pouvez retrouvez l‘intégralité du programme écrit par Alan Gordon ici, et là la version originale de l’étape 17.
Photo par Erriko Boccia sur Unsplash
Etape 17 : Aller à la rencontre de ce qui vous stresse

(Traduction intégrale du texte d’Alan Gordon)
Est-ce que quelque chose comme ce qui suit vous est déjà arrivé?
- Votre patron vient dans votre bureau. Il veut discuter des pauses déjeuner « extra-longues » que vous avez prises. Soudain, votre mal de dos commence à s’intensifier.
- Ou votre petit ami vient de vous demander d’emménager avec lui. Et vous vous réveillez le lendemain matin avec un mal de tête tenace.
- Ou encore votre fils a laissé tomber des spaghettis sur le tapis. Et alors que vous vous précipitez pour le nettoyer, vous ressentez des brûlures d’estomac de plus en plus fortes.
Ces situations sont toutes évidemment stressantes, mais qu’est-ce que le stress ?
Le stress
Le stress est la réaction de notre corps à une menace psychologique perçue. Et ces menaces peuvent activer les signaux de danger de notre cerveau.
Dans l’étape précédente, nous nous sommes concentrés sur les émotions. Mais il existe d’autres états psychologiques / situations stressantes que nous pouvons également percevoir comme psychologiquement dangereux. Aujourd’hui, je vais parler de trois d’entre eux, puis discuter de la façon de surmonter les menaces psychologiques en général – en d’autres termes, comment réduire votre stress.
Les conflits
Dans cet extrait des Simpsons, Ned, leur voisin, n’ose pas affronter Homer et évite la confrontation. Pourtant Homer déménage en emportant un certain nombre de choses qu’il avait « emprunté » à son voisin et ne compte pas du tout lui rendre.
Peut-être que pendant votre enfance, vos parents se disputaient tout le temps. Ou au contraire ils ne se disputaient pas du tout, ou il y a peut-être une autre raison… Mais il se peut que vous ayez appris que le conflit n’était pas acceptable. En conséquence, chaque fois que vous vivez une confrontation ou un désaccord, votre anxiété monte en flèche. Peut-être même évitez-vous complètement ces situations.
Si tel est le cas, votre cerveau a probablement appris que le conflit est dangereux.
L'intimité / l'engagement
L’intimité ici signifie se sentir proche de quelqu’un, s’ouvrir à lui et lui faire confiance. C’est s’engager avec chaleur tout en acceptant d’être vulnérable.
Peut-être avez-vous grandi dans un environnement où il n’y avait pas beaucoup de chaleur, ou vous avez perdu un membre de votre famille très tôt. Ou vous avez été trahi par quelqu’un en qui vous aviez confiance. Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles nous aurions pu apprendre à craindre l’intimité.
Si vous avez du mal à baisser votre garde et montrer votre vulnérabilité, ou si vous ne semblez pas vous rapprocher facilement des gens, votre cerveau peut interpréter le sentiment d’intimité comme dangereux.
Dans l’extrait suivant, le moment poignant est après 0:50, quand le personnage principal n’ose pas entrer et fuit. Pourtant il avait imaginé juste avant ce qu’il aurait pu faire pour s’engager. Mais cela nécessitait de se montrer vulnérable…
Le désordre
Si vous avez grandi dans un environnement chaotique ou si vous ne vous sentiez pas en sécurité dans votre propre maison, cela vous a probablement donné l’impression intérieure de n’avoir aucun contrôle. C’est un sentiment assez terrible. Et souvent nous surcompensons en essayant de contrôler notre environnement extérieur.
Avez-vous tendance à tout vouloir contrôler, planifier ? Êtes-vous angoissé lorsque votre emploi du temps n’est pas parfaitement défini?
Si c’est le cas, votre cerveau peut se sentir en danger lorsque les choses ne sont pas bien ordonnées – un e-mail non vérifié ou un déchet sur le sol peut provoquer de l’anxiété en vous.
Dans cet extrait de Friends, Rachel est fière d’avoir rangé et nettoyé l’appartement… Mais elle a changé de place un pouf/ Ottoman vert. Monica ne le supporte pas! Ces amis vont alors prendre un malin plaisir à lui montrer à quel point elle est une maniaque de l’ordre, du rangement, du contrôle…
Surmonter les menaces psychologiques

Réfléchissez à ce que votre esprit pourrait percevoir comme psychologiquement dangereux : les confrontations ? L’intimité? La culpabilité? Le chaos? L’immobilité, l’ennui?
En réponse à ces menaces perçues, notre anxiété augmente… et notre tendance naturelle est de fuir.
Fuir
Ainsi pour éviter les conflits, nous ferons tout pour plaire aux gens (People Pleasing). Et pour éviter l’intimité, nous nous désengagerons. Ou encore pour éviter le désordre, nous allons ranger et nettoyer.
L’évitement est une stratégie à court terme.
Cela réduit notre anxiété, mais cela ne fait que renforcer le fait que notre cerveau pense que ces états sont dangereux.
Utiliser le Somatic Tracking et des messages rassurants
Dans ces moments là, au lieu de fuir, nous pouvons utiliser le suivi somatique pour aller à la rencontre du sentiment d’anxiété qui monte.
Il y a une faute de frappe mineure dans un texte que vous venez de terminer d’écrire ? Et si au lieu de la corriger, vous en profitiez pour observer votre anxiété avec une respiration calme ?
Votre ami vous a demandé de venir le chercher à l’aéroport à 2 heures du matin ? Et si au lieu de dire oui, vous refusiez tout en portant votre attention à votre état intérieur ?
Notre instinct est de fuir l’anxiété, mais si nous allons à la rencontre de ses sensations physiques avec une curiosité calme et bienveillante, nous communiquons un message de sécurité. Et avec le temps, nous pouvons en venir à traverser n’importe laquelle de ces situations sans activer les signaux de danger de notre cerveau.
La culpabilité comme dernier exemple
Comme exemple amusant de « aller à la rencontre de l’anxiété », voici un extrait des « Simpsons ».
Bart – qui n’est généralement pas un exemple de maturité émotionnelle – a une soudaine explosion de perspicacité. Avec un peu l’aide de sa sœur Lisa, il utilise le suivi somatique pour se pencher sur l’anxiété liée à ses sentiments de culpabilité.
Il avait brulé un travail important de sa sœur pour s’amuser et ne voulait pas s’excuser. Lisa lui explique alors que la seule raison de présenter des excuses, c’est lorsqu’on regarde profondément en soi-même. Et que l’on y trouve quelque chose que l’on aimerait ne pas voir là, parce qu’on se sent mal d’avoir blessé quelqu’un. Bart essaie avec beaucoup de réticence et soudain… « oh oh……. Je suis désolé Lisa ».
Bonjour Muriel,
Je prend beaucoup de plaisir a lire ce programme ainsi que vos commentaire associés, je me posais la question de savoir ou en était votre situation a la suite de ce programme d’Alan Gordon. Je précise que je souffre aussi de céphalées de tension quotidiennes,
Merci.
Maxime
Bonjour Maxime et merci beaucoup pour votre message. Le programme d’Alan Gordon m’a aidé sur de nombreux points et je me sens mieux, c’est certain. Aujourd’hui je dirais que 3 points en particulier m’ont particulièrement fait du bien (associés avec des séances avec une psychologue pour tout « digérer » et mettre en application pour mon cas):
– Ne plus avoir peur de mes céphalées, vraiment. Je les ai acceptées dans mon quotidien, elles ne me dérangent pratiquement plus, restent en « arrière plan », je n’y pense pas beaucoup. Les crises durent moins longtemps et ne provoquent plus d’angoisse en moi : quand la douleur augmente, j’ai confiance qu’il n’y a aucun danger réel et que ça ne va pas durer. Je ne crée donc pas de tensions supplémentaires et je vois la différence dans mon ressenti global.
– J’ai gagné en « stabilité émotionnelle », avec moins d’anxiété et plus de confiance en moi, comment je peux gérer les contrariétés et épreuves qui arrivent inévitablement dans ma vie. La partie 13 « Surmonter l’incertitude » m’a réellement été utile, je mets en pratique chaque jour…
– Enfin l’étape 20 sur « Embrasser la joie » m’a apporté l’ingrédient « pétillant » dont j’avais tant besoin, et je cultive cette joie de vivre au quotidien (mais là on n’est qu’à l’étape 17, je ne vais pas « spoil » la suite !)
Ce programme est plein d’outils complémentaires et variés, je dirais qu’on peut le relire de nombreuses fois et y trouver encore de nouvelles choses à travailler pour se sentir encore mieux. Ces derniers mois j’ai fait un gros travail sur moi même pour comprendre ce qui me mettait en insécurité, pourquoi, comment certains conditionnements s’étaient mis en place et comment en sortir. Et ça me fait réellement changer et me sentir mieux dans ma vie!
Aujourd’hui plus précisément je regarde là où je me mets trop la pression. La pression, c’est, parmi les 3 carburants de la douleur – étape 7-, celui qui me pose encore le plus de problèmes. Aucun doute! Et souvent je me mets la pression pour des broutilles, en particulier dans mon rapport au temps (j’essaie d’être en avance plutôt qu’en retard à présent, d’anticiper avec calme) et mes rapports aux autres (je commence à réellement penser que je n’ai plus à prouver ma valeur ou à me justifier tout le temps, que je mérite de me sentir bien et d’être aimée telle que je suis, là, maintenant…)
Dans quelques mois je relirais probablement ce programme et The Way Out. Et je trouverai certainement d’autres points à approfondir, selon ma situation à ce moment là.
Enfin j’invite tous ceux qui ont trouvé des bienfaits à suivre ce programme à venir partager leur expérience dans Couleurs Chroniques, dans les commentaires ici ou dans le groupe Facebook privé.