Alan Gordon nous prépare au Bouquet d’Extinction, un phénomène assez fréquent dans le processus de guérison. Alors que l’on commence à aller mieux et qu’on se croit sur le bon chemin, les symptômes se mettent à redoubler d’intensité… avant de céder pour de bon.
Ce peut être effrayant sur le moment, alors mieux vaut être prévenu pour ne pas céder à la panique ! Surtout que ce serait vraiment dommage de se laisser submerger par la peur et de replonger dans le cycle peur-douleur. Ou pire, croire que c’est un échec et abandonner, alors qu’on y était presque.
Comme le bouquet final d’un feu d’artifices
J’ai pris un peu de liberté dans la traduction de « Extinction Burst ». J’aimerais bien savoir ce que vous en pensez. Burst veut dire explosion, éclatement en fait. Donc je m’éloigne de la traduction littérale, car je trouve ces termes trop effrayants. Je préfère l’image du bouquet final dans un feu d’artifices. Les explosions à leur paroxysme, nos sens sont mis à dure épreuve. Et après… le calme.
Vous pouvez retrouvez l‘intégralité du programme écrit par Alan Gordon ici, et là la version originale de l’étape 19.
Photo par Jingda Chen sur Unsplash
Etape 19 : Le Bouquet d'Extinction
(Traduction intégrale du texte d’Alan Gordon)
Lorsque j’ai commencé à travailler avec des patients souffrant de douleurs, j’ai remarqué une tendance surprenante. Juste au moment où leurs symptômes commençaient à s’atténuer, leur peur diminuait et ils commençaient à faire de réels progrès – POW! Ils étaient aveuglés par une douleur horrible.
Cela, bien sûr, les terrifiait, et ils repartaient dans le cycle douleur – peur.
Pour comprendre ce phénomène, remontons environ 80 ans dans un laboratoire de Boston.
Apprendre et désapprendre
B.F. Skinner était un psychologue à Harvard qui s’intéressait à la façon dont les comportements se mettent en place. Il a fait toutes sortes d’expériences fascinantes – une fois même, il a appris à quelques pigeons à jouer au ping-pong.
Cependant, son expérience la plus notable consistait à placer un rat dans une cage fermée. Lorsque le rat appuyait sur un levier, une boulette de nourriture était libérée. Le rat apprenait que levier = nourriture et commençait à appuyer sur le levier chaque fois qu’il avait faim.
Cela a conduit à une nouvelle découverte psychologique : lorsqu’on renforce positivement un comportement, ce comportement se poursuivra.
Mais un jour, l’expérience a pris une tournure inattendue – l’engin s’est cassé. Un rat était en train d’appuyer sur le levier lorsque le distributeur de granulés s’est coincé.
A la fin, le rat s’est arrêté d’appuyer sur le levier…
Aucun comportement ne continue s’il n’est pas renforcé.
C’est ce qu’on appelle l’extinction.
Mais avant que le rat n’abandonne, une chose surprenant s’est produite :
Il a appuyé sur le levier comme un fou.
Encore et encore et encore, il a pressé, espérant que s’il persistait, les choses reviendraient à la normale.
C’est ce qu’on appelle le Bouquet d’Extinction = « Extinction Burst ».
Dans la publication originale d’Alan Gordon, vous trouverez des dessins représentant la réaction du rat et mettant en image ce bouquet d’extinction.
Ce processus se produit également chez les gens.
Imaginez que vous ayez un petit enfant qui fait des crises de colère – il pleure, il crie, il tape des pieds… c’est pénible. Et chaque fois qu’il fait une crise, vous lui donnez un bonbon, ce qui le calme.
Après avoir compris que vous renforcez en fait son comportement en agissant ainsi, vous décidez d’arrêter de lui donner des bonbons quand il fait une crise.
Que va t’il se passer alors ?
Les crises de colère vont devenir encore pires !
À ce stade, vous avez deux choix : vous pouvez céder ou vous pouvez rester ferme.
Si vous cédez, vous recommencez à renforcer le comportement et les crises persisteront.
Si vous restez ferme, le bouquet d’extinction finira par se terminer et les crises de colère s’apaiseront.
Surmonter le Bouquet d'Extinction
La peur renforce la douleur psychogène. Comme les bonbons pour le tout-petit qui fait des crises de colère, comme la nourriture pour le rat qui appuie sur un levier, la peur est la force qui provoque la douleur… Et un comportement continue tant qu’il est renforcé.
Lorsque nous commençons à changer authentiquement notre relation avec la peur, nous brisons ce cycle de renforcement et les symptômes commencent souvent à s’estomper.
Mais ce n’est que le début.
La peur fait partie de votre vie depuis longtemps
Votre cerveau s’y est habitué et elle ne s’en ira pas si facilement.
Au fur et à mesure que vous commencerez à progresser, sachez que votre cerveau pourrait utiliser la douleur pour essayer de vous ramener à cet état de peur si familier. Ce n’est pas un échec, mais une étape attendue sur le chemin pour aller mieux.
Lorsque cela arrive, vous avez deux manières d’y répondre. Vous pouvez replonger dans la peur, ou vous pouvez rire et dire : « Je sais ce que tu es en train de faire et je sais pourquoi tu le fais. Vas-y, envoie ton bouquet d’extinction! »
Le Bouquet d’Extinction de Felicia
Lors de l’étape 4 du programme, nous avions pu voir comment Felicia affrontait et surmontait sa peur de la douleur lors d’une séance. Environ une semaine après la conférence, Felicia m’a tenu informé de ce qui s’était passé ensuite. Elle m’a autorisé à partager sa réponse :
« Depuis la conférence, je vais bien ! Mais environ 2 jours après la séance, j’ai développé une douleur au cou si intense que je pouvais à peine tourner la tête. C’était insupportable. Je me suis souvenue de ce que vous aviez dit à propos du retour de la douleur, et j’ai utilisé les différents outils que nous avions vus. À la fin de la journée, la douleur avait disparu. »
Des durées variables
La peur est comme une bête. Lorsque vous commencerez à vous en libérer, elle vous ramènera à elle en force, par vengeance. Felicia a surmonté sa peur en deux jours. Pour Christie, cela a pris environ trois mois. Pour moi, cela a pris un an.
Cependant nous avons finalement tous les trois appris la même leçon : le seul pouvoir que la peur avait sur nous était le pouvoir que nous lui donnions.